#WeAreNinkasi
Mar. 31 Oct. 2023

« Une entreprise engagée, c’est une entreprise qui croit qu’un monde durable est souhaitable… et surtout possible ! »

Comprendre le Planet-score®

Comment le Planet-score® peut-il nous aider à produire et consommer de façon plus responsable ? Chez Ninkasi, le dispositif d’affichage environnemental est aussi devenu un véritable outil d’éco-conception. Dans cet entretien croisé, sa créatrice Sandrine Bonnot (ITAB) et notre boss Christophe Fargier discutent des vertus de cet outil et plus généralement, du sujet de l’engagement des organisations pour un monde à la fois plus durable et plus désirable.

L’Institut technique de l’agriculture biologique (aka, l’ITAB, pour les intimes) a été créé en 1982. C’est une association d’utilité publique dédiée au développement de l’agriculture biologique. En 2020, faisant suite à la publication de la base de données AGRIBALYSE 3.0 par l’ADEME, l’ITAB alerte sur le besoin de compléter l’indicateur gouvernemental, en l’enrichissant considérablement. Le Planet-Score® naît quelques mois plus tard, en juillet 2021. Basé sur l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), ce nouveau baromètre intègre les avancées scientifiques récentes : impact des pesticides sur la santé et l’environnement, impact des pratiques sur le climat et la biodiversité…

Il synthétise cette évaluation multicritère dans un score composite, intuitif et visuel, en phase avec les attentes des consommateurs. Vous l’avez d’ailleurs déjà peut-être repéré sur certains produits. Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants d’un tel dispositif, rien de mieux que de laisser l’une de ses créatrices Sabine Bonnot et notre boss Christophe en parler.

Qu’est-ce qu’une entreprise ou une organisation « engagée » pour un monde durable ?

Sabine Bonnot : C’est une entreprise qui cherche à optimiser sa place dans la société. Et cela va bien plus loin que de faire attention à limiter ses externalités négatives. C’est être capable d’avoir une position aussi vertueuse que possible au niveau social, environnemental et en matière de santé globale. Cela demande une véritable vision et cela va jusqu’à l’interne, jusqu’à la façon dont on met en mouvement ses collaborateurs. L’engagement, c’est essayer de « faire bien » en ayant un vrai cap sur ce que cela signifie de « faire bien ». On peut se perdre dans des comptabilités mais on ne peut pas se perdre quand on a un cap clair.

Christophe Fargier : Cette définition me convient. Chez Ninkasi, nous l’appliquons à notre manière et concrètement cela signifie deux choses : la première, c’est le fait d’enraciner notre activité dans notre territoire, dans le but de le vivifier et même de le régénérer. La deuxième, c’est d’embarquer avec nous nos clients, nos équipes, nos partenaires, tout notre écosystème et ce, le plus joyeusement possible. On souhaite être un acteur positif du changement, on regarde le monde à travers des « lunettes vertes ». Au fond, une entreprise engagée, c’est surtout une entreprise qui a confiance en l’avenir, qui croit qu’un monde durable est souhaitable… et surtout possible !

Comment objectiver ce cap dont vous parlez Sabine ? Sur quels outils s’appuyer pour aider les organisations à définir leur cap sans tomber dans la morale ni dans des visions manichéennes ou tronquées des enjeux auxquels nous faisons face ?

S.B : Il ne faut pas penser qu’il y a une science neutre qui va trancher les choses pour nous. On parle de choses et de phénomènes qui sont tellement hétérogènes… Il y aura toujours des choix de valeurs à faire pour chacun. Mais cela étant dit, oui, il existe des outils qui peuvent nous aider à objectiver ce cap. La première chose à faire, c’est déjà d’objectiver les enjeux auxquels nous faisons face et là la science nous apporte quelque chose de solide qui est le concept des limites planétaires.

C.F : En tant que dirigeant, plus on s’attache à évaluer l’impact environnemental de son activité, plus on se rend compte de la complexité de la tâche. Et plus on réalise aussi l’importance de combiner plusieurs outils afin d’évaluer la totalité de son impact et non seulement une partie. La réalisation de notre bilan carbone nous a permis de comprendre et d’appréhender un certain nombre d’enjeux et de mettre en place des premiers plans d’actions. Le Planet-Score complète cette analyse et va encore plus loin parce qu’il nous invite à concevoir des produits désirables tout en respectant le cadre des limites planétaires.

 

C’est quoi, exactement, les limites planétaires ?

S.B : Les limites planétaires décrivent l’espace dans lequel on peut opérer, en tant qu’entreprise et en tant que citoyen, tout en étant en sécurité par rapport à ce que la planète peut nous apporter, à ce qu’elle peut soutenir comme activité. C’est un concept scientifique qui a été élaboré au départ par le Stockholm Resilience Centre et qui a été complété au fur et à mesure par les données de la science.

 

Limites planétaires - notre-environnement

Aujourd’hui, ce cadre permet d’affirmer que plus on est sur une économie circulaire, plus on est dans la zone où l’on est en sécurité. Plus on s’éloigne de cette économie circulaire, plus on est en dépassement de ce que la Terre est capable de nous apporter. Et aujourd’hui, malheureusement, on dépasse déjà largement les limites planétaires. On les dépasse par rapport à ce qui est soutenable pour maintenir la biodiversité, qui s’effondre.

On les dépasse par rapport à la quantité d’intrants que les sols sont capables de supporter. On les dépasse également dans la quantité de pollutions chimiques, plastiques et antibiotiques que nous produisons. On les dépasse dans la quantité d’eau douce que nous utilisons. Comme on n’a qu’une seule planète, c’est un problème…

À quel point dépasse-t-on les limites planétaires actuellement ?

S.B : D’après les calculs de Global Footprint Network et WWS, on est d’ores et déjà à 1,75 planète « utilisée » par an. Donc c’est clair et net, on vit déjà à crédit vis-à-vis de la planète. Cela ne date pas d’hier, on a commencé à vivre à crédit en 1971 et notre dette n’a cessé d’augmenter depuis. Là, on arrive à un stade où l’on pourrait dire qu’on est en surendettement. Il faut faire quelque chose. Quand on rentre dans le détail, on réalise que plus des trois quarts du dépassement sont dus à nos modes d’alimentation et de production agro-alimentaire. Je veux voir ce dernier point comme quelque chose de positif. Parce que la bonne nouvelle, c’est que si les acteurs de ce secteur se mobilisent, on peut faire de gros progrès en peu de temps.

Lors des accords de Paris sur le climat, signés en 2015, le monde a réussi à s’accorder sur l’importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec la mise en œuvre opérationnelle qu’on connaît, qui n’est certes pas encore satisfaisante mais qui a le mérite d’exister. Ce que vous nous dites, c’est qu’il faudrait un nouvel accord semblable, cette fois à l’échelle des limites planétaires ?

S.B : Ce serait absolument extraordinaire et cela permettrait que l’on fasse de la comptabilité complète. Pour nous c’est vraiment ça l’enjeu. Car on pourra faire tous les efforts qu’on veut pour améliorer le climat, on continuera de dégrader la planète si l’on ne transforme pas notre alimentation et notre production alimentaire vers une agriculture régénérative. Alors, en attendant cet accord – que je souhaite de mes vœux – les acteurs de l’agro-alimentaire peuvent déjà commencer à faire leur part.

C.F : Pour prendre notre part, il faut aujourd’hui qu’on se préoccupe de nos filières. Cela signifie s’intéresser sincèrement à leur fonctionnement et à leurs structures de coûts. Remonter la chaîne de valeur et s’engager. Pour nous, par exemple, c’est accompagner les agriculteurs avec lesquels nous travaillons dans la réduction des engrais et des pesticides qu’ils utilisent. Et assumer cet engagement en acceptant de prendre à notre charge une partie des surcoûts que cela implique. C’est aussi expérimenter de nouvelles manières d’acheter nos matières premières. Nous avons commencé à diversifier nos approvisionnements en céréales, notamment, en travaillant avec la coopérative Oxyane et des micros malteries. Cela va dans le sens des enjeux de relocalisation des productions et de déspécialisation des terres agricoles, pour aller vers des modèles de polyculture qui sont plus résilients face au changement climatique ou aux attaques de parasites. Mais tout cela est extraordinairement complexe, et on a besoin d’indicateurs pour nous aider.

Sabine, cette urgence de ne pas s’endormir sur un récit basé uniquement sur le climat, cette complexité de combiner tous les enjeux liés aux limites planétaires, c’est ce qui vous à amener à développer le Planet-score® ?

S.B : Oui tout à fait, il était important de concevoir et développer un outil qui permette une meilleure évaluation de la valeur environnementale des produits et nous nous sommes concentrés sur l’agro-alimentaire car c’est là que la marge de manœuvre est la plus grande. L’idée n’est surtout pas de stigmatiser tel ou tel produit mais au contraire de construire un outil qui va permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés et surtout de s’approprier les limites planétaires de manière positive. Et aux producteurs de faire de même, en leur donnant les clés pour imaginer des produits plus vertueux.

Car avec l’alimentation régénérative on peut assez facilement entrer dans ce qu’on appelle « la sobriété heureuse » c’est-à-dire réaliser des changements relativement modestes qui vont se faire sans provoquer d’inconforts ou de baisse de satisfaction majeure, et permettre une nette amélioration environnementale. Les prospectives scientifiques nous montrent que pour revenir à « une planète » utilisée par an, ce n’est pas si difficile que ça. Il faut deux choses : moins de viande issue de l’élevage industriel et moins de pesticides et d’intrants. Le Planet-score® s’attelle à rendre visible les offrant une voie vers ces objectifs.

C.F : Pour nous, le Planet-score est un outil qui nous permet de faire de l’éco-conception. Aujourd’hui, sur les filières que nous mettons en place, on va passer chaque produit au crible du Planet-score et cela nous permet de prendre des décisions concrètes. Notre objectif à terme, c’est que chaque produit qui sorte d’un établissement Ninkasi soit côté Planet-score A ou B. C’est aussi un outil qui doit (et qui va) changer profondément les relations entre les acteurs économiques. Cela implique un nouveau niveau de transparence entre partenaires, car il faut pour cela que chacun dans la chaîne de valeur s’ouvre aux autres afin de rendre possible ces calculs. C’est essentiel et ce sera, selon moi, l’un des facteurs clés de l’économie du partage : il faut que chacun soit prêt à partager beaucoup plus d’informations que ce que l’on faisait avant.

Est-ce qu’une alimentation plus saine pour la planète est aussi plus saine pour l’homme ?

S.B : Mais oui ! C’est ça aussi qui est enthousiasmant. Avec une alimentation plus saine pour la planète, on prend conscience de la réalité dans laquelle on vit, on devient plus souverain, entourés d’animaux plus heureux et oui, bien sûr, en meilleure santé physique, économique et financière. Les études NutriNet-Santé démontrent que lorsqu’on est sur un scénario Planet-score® on est non seulement sur une diminution de consommation d’énergie directe et une réduction de la surface agricole nécessaire, mais aussi sur une réduction sans biais de la prévalence des grandes pathologies de notre civilisation que sont le surpoids, l’obésité, le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Cela signifie qu’on peut continuer de manger des trucs hyper bons et en contrepartie avoir des populations bien plus en forme !

Donc le grand enjeu des années à venir pour ceux qui aiment se retrouver autour d’une table et faire de leur repas un moment de fête et de convivialité, c’est d’inventer les nouvelles recettes de demain, délicieuses et qui s’inscrivent dans le scénario Planet-score® ?

S.B : C’est la responsabilité des chefs et des restaurateurs, oui. De tous les lieux de convivialité. De démontrer qu’on peut s’amuser et se régaler tout autant – et même peut-être encore plus qu’avant – avec un peu moins de choses issues d’élevages industriels ou d’agriculture intensive dans l’assiette.

Quel peut être le rôle, concrètement, d’une entreprise comme Ninkasi ?

S.B : Des engagements visibles, des temporalités réalistes et surtout de faire-savoir ! Vous êtes le premier restaurateur à vous engager aussi pleinement et à communiquer publiquement sur ce travail. Cela fait bouger les choses : à la suite de l’engagement de Ninkasi, nous avons eu des contacts d’autres restaurateurs dans le privé et même dans le public ! Ce que vous faites est en train d’embarquer d’autres acteurs.

C.F : C’est très positif d’entendre ça. Je crois qu’aujourd’hui on se doit de participer, chacun à son échelle, à cette démarche « bottom-up ». C’est sur le terrain qu’est en train de s’inventer le monde de demain et plus uniquement dans les sphères politiques. À partir du moment où l’on profite d’une innovation telle que Planet-score, cela me semble naturel de contribuer à sa propagation et à son amélioration.

S.B : J’ai rencontré chez les équipes Ninkasi des gens capables de douter, comme peuvent douter des scientifiques, avec une grande capacité de remise en question. Ça c’est très positif aussi. Et derrière, une très grande capacité de mise en mouvement. En quelques mois, ils ont sorti une bière Planet-score® A et un burger Planet-score® B. C’était impressionnant !

Quelles sont les prochaines étapes ?

C.F : Déployer le Planet-score® sur l’ensemble de nos produits, tout simplement. Notre objectif à terme, c’est que chaque produit qui sorte d’un établissement Ninkasi soit côté Planet-score A ou B. On entre dans un monde où l’on va devoir baser nos modèles économiques sur une triple comptabilité : économique, sociale et environnementale. Le Planet-score est pour nous l’outil de référence sur cette comptabilité environnementale. C’est le bon thermomètre, le bon indicateur pour nous aider, en tant que citoyens, à mieux manger et en tant qu’acteur, à mieux produire.

S.B : C’est un sacré compliment ! Venant d’une organisation comme Ninkasi qui a un véritable cap et une véritable connaissance des indicateurs qui lui permettent de le tenir. Cela fait très plaisir mais c’est un compliment qui engage aussi. Sachez que nous nous engageons à continuer à douter. Douter de nous, challenger nous-même notre propre indicateur et l’affiner ou faire évoluer certains calculs en fonction de l’évolution de la situation environnementale. On le doit à notre objectif ultime : permettre à chacun de manger en conscience et manger ce que nos territoires peuvent fournir, tout simplement !

Ninkasi, chaque jour un peu plus reponsable

Vous l’aurez compris, concevoir des produits responsables et embarquer les consommateurs dans la transition est un défi de taille. Pour le relever nous avons choisi chez Ninkasi de soutenir la construction de filières et d’embarquer tout notre écosystème dans une démarche d’amélioration. Nous avons appris la méthodologie du bilan carbone et le Planet-Score est venu compléter notre palette d’outil de mesure et d’évaluation de l’impact environnemental de nos produits.

L’axe « Production et Consommation responsable » est l’un de nos trois axes d’engagement. Découvrez tous les engagements et objectifs chiffrés de notre stratégie d’impact.

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