On ne va pas vous rappeler à quel point on aime la bière. On fabrique, on boit, on chante et maintenant on cuisine des recettes à base de bière. En 23 ans on en a vu défiler des tendances bière : les mousses extra-houblonnées, les micro-brasseries qui se multiplient, le bio, les levures de vins…
On ne va pas dire aurevoir à ce qui a cartonné jusqu’ici mais on sait déjà que cette année va avoir son lot de nouveautés. Voilà nos intuitions pour la nouvelle année.
Et oui, après une année ̶d̶i̶f̶f̶i̶c̶i̶l̶e̶ particulière, on a envie de prendre soin de soi, de se faire du bien. On peut carrément parler de révolution « healthy » avec l’arrivée de boissons ventant leurs faibles apports caloriques. Grand nouveau sur le marché, le hard seltzer, cette eau gazeuse alcoolisée qui fait fureur aux Etats-Unis titre à environ 5% alc./vol. et est souvent proposée au goût de fruits. Une boisson sans sucre, sans gluten, presque sans calorie, qui va débouler en France. Coca Cola est déjà sur le coup avec Topo Chico. À une échelle plus artisanale et 100% frenchy on retrouve déjà Ôbe, fefe. ou encore Natz.
Les bières peu ou pas alcoolisées ont envahi les étagères de nos supermarchés en 2020, on parie qu’elles vont continuer à grapiller de la place sur les linéaires. La tendance du « low » ou « no alcohol » gagne même d’autres univers. Du côté des spiritueux Seedlip, Ceder’s Crisp ou encore Jnpr révolutionnent nos gueules de bois. Tandis qu’en grande surface, Le Petit Béret vient séduire les amateurs de vin, mais pas que !
D’autres boissons fermentées vont rejoindre vos frigos en 2021. Bien connus des magasins bio, les ginger beer, kéfir et kombucha vont séduire les consommateurs en quête de naturalité. Avec leurs super valeurs nutritionnelles et leurs avantages santé, ils ont bon sur toute la ligne.
N’en déplaise aux amateurs de grosses américaines bien houblonnées, le consommer local est incontournable. Avec des malteries qui se développent et une filière de houblon français qui se structure on sait que les produits « du terroir » vont cartonner.
Il faut savoir que la France est un des premiers producteurs de céréales. Quand on sait que l’orge, le blé et les autres partent dans des malteries à l’étranger pour revenir dans les brasseries françaises c’est pas top pour l’écologie. Heureusement, une trentaine de malteries se sont fondées ces dernières années et ce n’est que le début ! Rien que dans la région on peut vous parler de deux projets que l’on soutient et avec qui on travaille. La malterie des Volcans, lancée fin 2017 dans le Puy de Dôme, qui nous fournit le Volcapils pour la Ninkasi Summer Ale. Autre projet, plus récent, celui de Malt’in Pott, implantée en Haute Savoie depuis 2019.
La filière houblon, elle, n’est pas en reste et même si la production française représente moins de 1% de la production mondiale, plein d’initiatives sortent de terre. Le comité Houblons de France milite pour le houblon français depuis 5 ans et en 2019, ce sont 60 houblonniers qui se sont lancés et on compte au moins une bonne centaine d’autres projets en cours. Hopen accompagne même les futurs houblonniers de la conception du projet à la commercialisation. Beau coup de « pousse ».
Sûr et certain que les brasseurs repousseront encore les frontières du local. Chacun voudra mettre à profit ce que son terroir a de meilleur et on va voir fleurir cette année, les brassins à base de plantes du coin. Gentiane, lierre terrestre, absinthe, thym, romarin… Comme la Brasserie Porquerollaise qui brasse avec des herbes sauvages ou encore la Brasserie Sancerroise qui produit du gruit*.
*mélange de plantes utilisé traditionnellement pour aromatiser la bière avant l’arrivée du houblon. Le gruit contenait des herbes sauvages telles que la myrte des marais, l’armoise commune, la bruyère commune, le lierre terrestre et l’achillée millefeuille.
Et pour lier bière et terroir, les brasseries françaises ont tout intérêt à profiter de ce qu’on sait faire depuis toujours : le vin. Nos voisins italiens produisent déjà ce qu’on appelle les grapes ales. Le style consiste à faire entrer du raisin dans la recette de la bière, par l’introduction de moût ou de raisins frais. Le raisin apporte du goût, de la couleur et des levures sauvages, contenues sur sa peau. Certains vignerons natures français se sont déjà lancés dans l’aventure, pour le plus grand bonheur des amateurs de bière.
Alors que les India Pale Ale séduisent toujours plus, un autre style de bière va se faire une place : les Sour Ales. Leur acidité est apportée par des ferments lactiques ajoutés ou grâce à l’utilisation de levures particulières (lactobacilles, pédiocoques ou brettanomyces). Promis on ne vous demande pas de retenir leurs noms.
Autrefois réservées aux brasseries belges et nord allemandes, le style s’émancipe et s’exporte. Les saveurs aigrelettes ou acidulées viennent titiller les papilles des amateurs de bière, déjà bien connaisseurs de l’amertume du houblon et curieux d’essayer de nouvelles saveurs.
Souvent brassées avec des fruits, ces bières sont faibles en calories et leur teneur en alcool est réduite. De beaux atouts pour séduire ceux en quête de naturalité et de bien être qu’on évoquait tout à l’heure.
Les bières acides sont en telle expansion que l’on voit de nouveaux styles ajoutés au guide du BJCP (le référentiel qui permet notamment aux jurys des concours de juger la conformité d’une bière à son style). On peut supposer qu’avec de plus en plus de brasseurs qui proposent des bières acides, le guide devait s’adapter.
Attention, les bières acides peuvent déroutantes et même si l’on prévoit une arrivée du style en grande distribution, certaines références artisanales peuvent surprendre et sont souvent appréciées des amateurs aguerris.
Pendant longtemps les bières étaient vendues en fûts de bois et servies directement depuis ce dernier. Nos ancêtres les gaulois en savent quelque chose puisque c’est comme ça qu’ils consommaient la cervoise. Et, alors que le fût en inox a remplacé le fût en bois pour de multiples raisons, certains brasseurs ont décidé d’utiliser des fûts en bois pour faire vieillir leurs bières, on appelle cette technique le barrel ageing.
En achetant des fûts neufs ou en allant chercher « la mémoire du tonneau » avec des fûts usagés pour récupérer les notes aromatiques de l’alcool contenu préalablement, les brasseurs rivalisent d’originalité. Alors on le disait plus haut, la France est une terre de vignerons, on peut imaginer que des brasseurs vont aller chercher la douceur du Sauternes, les tanins d’un Morgon. Mais ça ne s’arrête pas là, Calvados, Cognac, Whisky, Rhum, la palette est large. On peut tout imaginer ! Les bières vieillies sont plus concentrées, plus complexes et puissantes en alcool. On ne les boit pas, on les déguste.
Seul bémol pour les brasseurs, il faut de la patience. Car une bière barrel aged peut mettre plusieurs mois, voire plusieurs années à atteindre l’équilibre parfait.
Si les cavistes de bière proposent le style depuis longtemps, on voit le procédé se démocratiser avec une arrivée en grande distribution. C’est ainsi que Goudale propose une bière grand cru « Rhum Finish », dont le brassin est infusé aux copeaux de bois aromatisés au rhum. Même si elle n’a pas pas vieillie en fût au sens stricte du terme, elle en est bien inspirée. Autre exemple, la brasserie écossaise Innis & Gunn, qui propose sa bière phare, la Bourbon Barrel Scotch Ale, une bière vieillie en fût de bourbon qui offre des notes de vanille et caramel.
Avec la montée en puissance de la bière craft, les oreilles des industriels commencent à friser. Alors pour plaire, ils adoptent petit à petit les codes de la bière artisanale pour gagner en part de marché. Malin ! En 2021, les plus petits acteurs veulent se faire entendre et vont se battre pour permettre aux consommateurs de les différencier.
C’est pour répondre à ça que sont nés des syndicats et labels, qui protègent les brasseurs et leur savoir-faire. Le Syndicat National des Brasseurs Indépendants a récemment lancé son label « Brasseur Indépendant ». Pour en bénéficier les brasseries adhérentes doivent respecter un cahier des charges bien précis garantissant indépendance, transparence ainsi que l’origine et la naturalité des ingrédients utilisés.
En apposant un logo sur leurs étiquettes, elles s’assurent de passer un message aux consommateurs. « Je suis indépendant et fier de l’être ».
Les brasseurs ont tout intérêt à continuer de prôner leur indépendance cette année pour faire valoir leur authenticité, leurs valeurs et la qualité de leurs produits.
Avec le succès récent et grandissant du CBD –une molécule contenue dans le cannabis– il ne faudra pas attendre longtemps pour qu’il se retrouve dans la bière. Tisane, biscuit, glace Ben & Jerry’s ou encore produits cosmétiques, le CBD est partout ! Mais le cannabis a plus particulièrement sa place dans la bière.
Et oui, car sur le plan botanique, le houblon et le cannabis sont très proches, ils appartiennent tous les deux à la famille des cannabinacées.
Alors on vous rassure, le CBD n’a pas d’effets psychoactifs ni addictogènes, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est légal en France. À la différence de son cousin, le THC, qui lui par contre est prohibé. Recherché pour ses propriétés apaisantes, le CBD optimise la réponse à la douleur et soulage le stress et l’anxiété. Encore une fois on retrouve un produit qui répond au besoin de se faire du bien, aucun doute qu’il saura trouver son public.
En attendant les premières bières françaises au CBD, le « hard seltzer » Chilled est déjà disponible en France.
Alors, selon vous, c’est quoi LA tendance bière ? On attend vos prédictions en commentaire.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.